Rapport annuel
2019

DES ENGAGEMENTS
ET DES ACTIONS

Il n’y a pas une seule solution pour répondre à l’enjeu de durabilité de l’alimentation animale. C’est la somme des actions individuelles et les moyens mis en commun au sein de Duralim pour la mise en œuvre d’actions bénéficiant au collectif, qu’ensemble les membres de Duralim parviendront à une alimentation animale 100% durable, intégrant la lutte contre la déforestation et la conversion d’écosystèmes dans les pays producteurs et exportateurs.

Des actions
à plusieurs niveaux

Membres

Actions individuelles contribuant à une alimentation animale durable
Charte d'engagements
Reporting annuel

Plateforme

Mutualisation de moyens pour réaliser des études
Duralim = centre de ressources

Organisation de journées thématiques

9 engagements pour une alimentation durable

Duralim s’appuie sur des engagements communs, rassemblés au sein d’une charte partagée et reconnue par l’ensemble de la filière. Celle-ci se décline en 5 axes de « valorisation » et 4 axes de « progrès ».

Chaque signataire choisit, lors de son inscription, a minima 2 axes de « valorisation » et 2 axes de « progrès », sur lesquels il s’engage à mener des actions. En signant la charte Duralim, chaque membre s’engage à faire connaître ses pratiques durables relatives à la production de matières premières et à l’alimentation des animaux d’élevage, à les améliorer, et à suivre ses progrès.

AXES
DE VALORISATION

RECONNAÎTRE, SOUTENIR
ET VALORISER

  • 1Des niveaux de qualité et de sécurité sanitaire garantis
  • 2Des pratiques professionnelles qui s’appuient sur un cadre réglementaire exigeant
  • 3Une origine France des matières premières, largement majoritaire
  • 4Une valorisation optimisée des ressources
  • 5Des produits de la ferme France

AXES
DE PROGRÈS

ENCOURAGER, ACCROÎTRE
ET AMÉLIORER

  • 6Connaissance des cadres réglementaires et des initiatives de progrès des pays d’origine des matières premières
  • 7Durabilité des approvisionnements en protéines végétales, quelle que soit l’origine
  • 8Évaluation de l’empreinte environnementale de l’alimentation animale française
  • 9Développement de l’agriculture de précision et du bio-contrôle

La charte Duralim est actuellement en cours de révision.

Les modifications apportées devront permettre d’intégrer l’engagement « 100% d’approvisionnements durables avec un objectif zéro déforestation / conversion » pris en janvier 2018 et de clarifier les actions de Duralim et de ses membres en fonction du collège d’appartenance.

La nouvelle version sera validée par les membres de Duralim en 2020.

Des approvisionnements 100% durables au plus tard en 2025

En janvier 2018, les membres de Duralim se sont engagés pour la durabilité de leurs approvisionnements en matières premières françaises et importées. Leur ambition est d’atteindre, au plus tard en 2025, 100% d’approvisionnements durables avec un objectif zéro déforestation.

Les matières premières concernées

Qu’elles soient françaises ou importées, l’engagement inclut toutes les matières premières végétales ou minérales entrant dans l’alimentation des animaux d’élevage. Elles doivent répondre aux enjeux de durabilité retenus par les membres, sur les trois piliers de la durabilité que sont l’environnement, le social et l’économie. Les bonnes pratiques mises en œuvre s’appuient sur le cadre réglementaire français exigeant et sur des démarches professionnelles volontaires reconnues.

Concernant l’enjeu de la lutte contre la déforestation, les travaux portent en priorité sur le soja et l’huile de palme, car ce sont aujourd’hui les matières premières utilisées en alimentation animale les plus à risque de déforestation.

Lutte contre la déforestation, les ambitions affichées de Duralim

La plateforme Duralim s’est accordée sur le fait que le respect de la légalité (zéro déforestation illégale) est une première étape mais qu’il est primordial d’aller plus loin. Ainsi, afin d'avoir un impact sur la protection de la planète qui soit réel, mesurable et valorisable, les objectifs de zéro déforestation brute d’ici 2025 et zéro conversion d’écosystèmes naturels d’ici 2030 ont aussi été retenus (pour zéro conversion, il conviendra de lister précisément les écosystèmes concernés). Cette décision est cohérente avec les ambitions annoncées du gouvernement français dans sa Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée publiée en novembre 2018.

  1. Zéro déforestation illégale (ZDI) : Production qui n’est pas à l’origine de la conversion illégale d’une forêt et autres terres protégées par la législation du pays (Source : lignes directrices « soja responsable » de la FEFAC, 2015)
  2. Zéro déforestation brute (ZDB) : Production qui n’est pas à l’origine de la conversion des forêts pour une utilisation de terres non forestières ou une réduction à long terme du couvert forestier en deçà des seuils définissant une forêt (Source : FAO, 2015)
  3. Zéro conversion d’écosystèmes naturels (ZC) : Pas de passage d’un écosystème naturel à une autre utilisation des terres (perte ou modification profonde de la composition, de la structure et/ou de la fonction des espèces de l’écosystème naturel) (Source : Accountability Framework Initiative, 2017)

Durabilité des matières premières et ingrédients :
où en sommes-nous en 2019 ?

Des matières premières végétales françaises durables

La production de matières premières végétales en France est régie par de nombreux dispositifs permettant d’assurer leur qualité. Sur le plan sanitaire, il existe notamment des certifications, des guides de bonnes pratiques d’hygiène ou des plans de surveillance sectoriels pilotés par les interprofessions végétales. La durabilité de ces productions est étudiée depuis plusieurs années et fait partie intégrante des enjeux prioritaires de ces filières. En effet, les plans de filières céréalière et oléo-protéagineux, en réponse à la loi Egalim, sont grandement orientés sur des démarches de développement durable ambitieuses.

Une utilisation en baisse des phytosanitaires

Dans un cadre réglementaire européen strict et interdisant de plus en plus de molécules phytosanitaires, la France s’inscrit depuis plusieurs années dans une dynamique de diminution d’utilisation de ces produits, notamment avec le plan Ecophyto II. Des dispositifs, comme le réseau Ferme DEPHY et le Contrat de Solution, ont pour finalité de tester, de valoriser et de déployer les techniques et systèmes agricoles visant une forte réduction de l’usage de produits phytosanitaire, tout en développant des techniques économiquement, environnementalement et socialement performantes. Les pratiques agronomiques, les techniques de biocontrôle, l’amélioration des plantes, l’agriculture de précision et la robotique et agroéquipement sont tout autant de pistes de solutions.

Des exploitations agricoles respectueuses de l’environnement

La « certification environnementale des exploitations agricoles » (HVE) répond au besoin de reconnaître les exploitations engagées dans des démarches particulièrement respectueuses de l’environnement. Cette certification met en valeur la diversité des pratiques culturales et leurs bienfaits, que ce soit dans le maintien de la biodiversité, la lutte contre le changement climatique ou la réduction de l'usage des pesticides. Cette certification a 3 niveaux, allant du respect des pratiques essentielles de la réglementation environnementale (niveau 1), aux exploitations mettant en œuvre des pratiques leur permettant de réduire leur impact environnemental (niveau 2) jusqu’aux exploitations présentant un haut niveau de biodiversité et un très faible recours aux intrants (niveau 3).

Engagées dans une démarche de progrès, les filières végétales accompagnent les exploitants vers l’acquisition de cette certification environnementale. La filière céréalière a par exemple pour objectif un engagement fort des céréaliers dans une démarche de certification environnementale de niveau 2.

Au niveau des filières oléo-protéagineuses, les coopératives et les négociants s’appuient sur le référentiel 2BSvs pour qualifier la durabilité du colza produit par les agriculteurs. Terres Univia a également lancé en 2018 la charte « Soja de France », qui impose des critères environnementaux et sociétaux à la production de soja.

L’existence de ces dispositifs de reconnaissance permettent aux premiers transformateurs de matières premières, aux fabricants d’aliments pour animaux et aux éleveurs de faire des choix raisonnés en termes de durabilité de leurs achats de matières premières végétales.

Une filière engagée dans le recyclage de ses déchets

Une filière nationale de collecte et de traitement des déchets issus de produits de l’agrofourniture a été mise en place permettant aux agriculteurs français de répondre aux enjeux de recyclage des emballages. Les organisateurs de production agricole tels que les négoces agricoles et les coopératives des productions végétales ont développé un grand nombre de points de collecte. Les filières de productions végétales françaises sont ainsi en avance par rapport à l’obligation réglementaire à venir sur le recyclage des emballages en 2024.

Des productions s’appuyant sur la recherche pour améliorer leur durabilité et leur performance

Les productions végétales françaises s’appuient sur les instituts techniques tels qu’Arvalis et Terres Inovia. L’ambition est de concevoir et tester des stratégies d’innovation dans les systèmes de culture pour concilier la production, la performance économique et le respect de l’environnement.

Acides aminés : leur contribution à la durabilité de l’alimentation animale

Les acides aminés sont les constituants des protéines. En France, les acides aminés sont produits par fermentation, ce qui permet de transformer des hydrates de carbone d’origine locale en protéines.

Utiliser les acides aminés en nutrition animale permet d’ajuster l’alimentation des animaux au plus près de leurs besoins nutritionnels, tout en réduisant la teneur en protéines des aliments. Cette meilleure efficacité se traduit par :

  • Une amélioration des performances zootechniques.
  • Une diminution des besoins en matières premières riches en protéines comme le tourteau de soja, qui peut dans certaines régions du Monde être une cause importante de déforestation. Sans l’utilisation d’acides aminés, la France consommerait environ 50% de tourteaux de soja en plus (source : Céréopa, 2019). L’élargissement de la palette d’acides aminés disponibles fait partie des solutions immédiates à disposition des filières animales pour réduire l’empreinte « déforestation » de l’élevage français.
  • Une diminution des rejets azotés en élevage (ammoniac, nitrates). Une baisse d’un point de la teneur en protéines des aliments entraîne une diminution des émissions d’ammoniac de 10% en porcs et 16% en volailles.
  • Une amélioration du bien-être et de la santé des animaux : la baisse de la teneur en protéines dans l’alimentation a notamment un effet positif sur la santé intestinale des animaux et participe à diminuer le besoin de recourir aux antibiotiques.

Des matières minérales durables :
des initiatives en cours au niveau de la profession

Les êtres vivants ont besoin de minéraux (phosphore, calcium, magnésium, sodium…) principalement pour le squelette. Mais ces minéraux ont aussi un rôle essentiel dans le métabolisme à de nombreux niveaux (enzymatique, énergétique, nerveux…). Ils doivent être apportés aux animaux par le biais de l’alimentation. Ces minéraux ne sont pas toujours en quantité suffisante dans les matières premières pour couvrir les besoins des animaux. L’ajout de matières premières minérales dans les rations est donc indispensable.

Des matières premières issues de ressources finies

Les ressources minérales se sont formées au cours des processus géologiques sur des millions voir des milliards d’années. Leurs quantités sont limitées, et dès lors que l’on utilise ces ressources, les stocks diminuent.

Les matières premières minérales puisent dans ce stock non renouvelable, à une exception près : le sel de mer qui jouit d’une ressource renouvelable : l’eau de mer.

La pression exercée sur les roches, qu’elles soient phosphorique, calcaire, magnésienne ou halite, est de plus en plus forte.

L’objectif est désormais de limiter la pression sur ces matières premières, et permettre ainsi d’allonger le temps d’exploitation de ces ressources.

Axes pour contribuer à la durabilité de ces matières premières minérales

Les conditions de production de la matière première

Les infrastructures permettant l’exploitation de ces ressources (mines, carrières ou marais salants) sont soumises à des règlementations strictes. Pour exploiter ces ressources, il est nécessaire de détenir des droits d’exploitation conformes à la réglementation en vigueur.

Pour certaines activités, il peut exister également en complément des chartes de bonnes pratiques en matière de développement durable, incluant par exemple la préservation de la biodiversité, la gestion de l’eau, les conditions de travail, l’intégration dans le paysage, etc.

De plus, les activités de production et de transformation des matières premières minérales contribuent à l’économie locale, notamment en offrant des emplois.

La transformation des matières premières

Après avoir été extraite, la matière première peut subir diverses étapes de transformation qui lui confèrent les propriétés adaptées à une consommation par les animaux.

Afin de réduire les impacts associés à ces activités de transformation, des recherches sont menées par les opérateurs sur leurs procédés de transformation, pour les rendre plus économes en énergie et améliorer leurs bilans environnementaux, mais aussi afin d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles, de réduire la production de déchets ou de développer le recyclage ou la revalorisation des déchets/sous-produits au sein de leurs entreprises.

L’amélioration des produits

En matière de recherche et le développement les fournisseurs travaillent notamment sur les propriétés des matières premières transformées pour améliorer leur biodisponibilité et donc leur utilisation par les animaux d’élevage. La quantité de matières premières minérales nécessaire pour couvrir les besoins des animaux peut également être réduite via la formulation des aliments et l’ajout de certains additifs, comme les améliorateurs de digestibilité (tels que les phytases).

La sensibilisation des acteurs de l’aval est également un pilier important pour orienter les choix de matières premières minérales et raisonner leur utilisation.

Avec une nutrition de précision, un apport moindre de matière première minérale réduit la pression sur ces ressources et conduit également à la réduction des rejets dans l’environnement.

Des études mutualisées à l’échelle de la plateforme

Soja : un partenariat avec Earthworm pour identifier des solutions efficaces et acceptées pour lutter contre la déforestation importée

La concrétisation d’un tel engagement est un vrai challenge : mobilisant des acteurs internationaux dans un contexte d’économie mondialisée, il doit être à la fois ambitieux et réaliste. Les premières étapes nécessaires à la mise en œuvre de cet engagement « zéro déforestation » sont :

  1. La réalisation d’un état des lieux des risques de déforestation et conversion d’écosystèmes associés aux importations de soja
  2. L’identification de solutions pour lutter contre la déforestation / conversion d’écosystèmes

C’est dans cet objectif qu’un partenariat a été signé entre Duralim et la Fondation Earthworm en juillet 2019. La mission qui leur est confiée porte sur les importations françaises de soja depuis le Brésil. Impliquant notamment les importateurs membres de Duralim et les ONG locales, l’étude comporte 2 volets :

  1. Cartographie des flux de soja depuis le Brésil vers la France et mise en lien avec les risques de déforestation (légale et illégale) et de conversion d’écosystèmes naturels, de conflits sociaux et d’usage de pesticides à risques
  2. Recherche de solutions à mettre en œuvre avec les importateurs et les acteurs sur le terrain
    • Synthèse des politiques de durabilité des principaux importateurs de soja et mise en perspective avec les difficultés rencontrées sur le terrain pour leur application
    • Présentation d’initiatives efficaces et acceptées par les producteurs pour lutter contre la déforestation et la conversion d’écosystèmes naturels

Les conclusions de ces travaux sont attendues pour juin 2020. Elles permettront aux membres de Duralim de préciser leurs plans d’actions pour les années suivantes, afin d’atteindre les objectifs 2025 et 2030 de leur engagement.

Les conclusions de cette mission seront également partagées avec le Comité de suivi de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée, ainsi que le Comité Scientifique et Technique du Comité Forêt de l’Agence Française pour le Développement, dont Duralim fait partie.

Une alimentation animale durable :
quels surcoûts pour le consommateur ?

Au-delà des questions de mise sur le marché de matières premières durables et non responsables de déforestation, un des principaux freins à leur utilisation dans la chaîne de valeur concerne le manque de visibilité sur le surcoût réel sur les produits animaux vendus au consommateur pour les différents maillons de la chaîne de production et de distribution.

Dans le but d’apporter des éléments de réponses aux membres impliqués dans Duralim, la plateforme a lancé en décembre 2019 une étude sur le surcoût engendré par l’utilisation de matières premières issues du soja et des palmiers à huile responsables. Les travaux porteront sur plusieurs catégories de produits animaux, dans différents contextes de prix et de disponibilité des matières premières. Les résultats de cette étude sont également attendus pour juin 2020.