Rapport annuel
2022

Des acteurs
engagés

Duralim, une diversité d’acteurs engagés

Chaque année, la plateforme compte de nouveaux membres, collaborant ainsi aux discussions qui l’animent et aux travaux collectifs.

Cette multiplicité d’acteurs donne à Duralim une capacité d’analyse approfondie des différents enjeux inhérents à la durabilité de l’alimentation animale, tant sur l’amont que sur l’aval des filières.

Les actions individuelles nourrissent les réflexions collectives pour permettre aux membres de Duralim de construire, ensemble, des solutions pérennes aux questions inhérentes à la durabilité de l’alimentation animale.

Duralim, plateforme qui contribue à l’atteinte des objectifs nationaux de réduction des gaz à effet de serre

Duralim regroupe des acteurs qui œuvrent individuellement et collectivement pour limiter le dérèglement climatique et s’adapter à ses conséquences. Leurs actions s’inscrivent dans une démarche nationale.

En effet, la France s’est dotée d’une feuille de route pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre : la stratégie nationale bas-carbone (SNBC). L’objectif premier est d’atteindre la neutralité carbone dès 2050, définie par la loi énergie-climat comme « un équilibre sur le territoire national, entre les émissions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre ». Concrètement, cela suppose de réduire les émissions de la France à 80 MtCO2eq contre 546 MtCO2eq en 1990 et 445 MtCO2eq en 2028.

L’agriculture devra réduire de 46% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015 tout en augmentant les puits de carbone existants (c’est par exemple 81% pour le secteur industriel).

Les membres de Duralim sont pleinement investis pour répondre à ces objectifs en développant des solutions pour limiter les émissions de gaz à effets de serre. Collectivement, ils travaillent aussi sur l’importation de soja durable, non issu de terres récemment déforestées.

Duralim, 100% d’approvisionnements durables en 2025, avec un objectif zéro déforestation

En janvier 2018, les membres de Duralim se sont engagés pour la durabilité de leurs approvisionnements en matières premières françaises et importées. Leur ambition est d’atteindre, au plus tard en 2025, 100% d’approvisionnements durables avec un objectif zéro déforestation.

Répondre à l’objectif « zéro déforestation » implique, à l’échelle française, d’agir sur deux leviers complémentaires.

Tout d’abord, il s’agit de promouvoir le développement des cultures de matières premières riches en protéines au niveau national afin d’améliorer la disponibilité en protéines locales pour l’alimentation animale. Cette évolution sera progressive et les perspectives envisagées aujourd’hui ne démontrent pas une capacité de nos territoires à couvrir 100% des besoins de l’élevage français en protéines.

Les importations de matières premières riches en protéines resteront donc une nécessité, et un second levier apparaît clairement : veiller à la durabilité de nos matières premières d’importation et, plus particulièrement, au caractère non déforestant du soja.

Les travaux menés par la plateforme depuis sa création sur le soja trouvent une résonnance particulière à l’heure où l’Union européenne est sur le point d’adopter un règlement européen visant à lutter contre la déforestation importée. Mais les enjeux restent nombreux : l’applicabilité sur le terrain des exigences de géolocalisation des parcelles, la distorsion de concurrence entre les pays importateurs et les pays exportateurs de produits finis ou le surcoût que peut représenter ce changement de pratiques.

Duralim, l’Observatoire du risque de déforestation importée

Ses objectifs

En 2021, Duralim a créé en partenariat avec le Céréopa – centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales - un Observatoire du risque de la déforestation importée. Les objectifs étaient multiples :

  • Quantifier et rationnaliser le risque de déforestation lié aux flux de soja à destination de la Ferme France
  • Alimenter les bases de données des parties prenantes en informations fiables et régulièrement mises à jour
  • Répondre aux attentes de la Stratégie Nationale de lutte contre la déforestation (SNDI) en lien avec son projet de plateforme
  • Fournir un outil individualisé d’évaluation du risque déforestation aux entreprises, des fournisseurs de matières premières jusqu’à la grande distribution, en ligne avec les attentes du devoir de vigilance.

Il permet de quantifier l’empreinte soja potentiellement à risque de déforestation pour chaque campagne pour les 6 filières principalement consommatrices de soja : vache laitière, poulet de chair, bovin viande, dinde, œuf, porc – ces 6 filières représentent 87% de l’utilisation de soja pour les productions animales françaises.

L’Observatoire a été enrichi en 2022 afin d’intégrer l’Argentine au périmètre étudié et de réduire la part de soja pour laquelle il n’y a pas d’informations sur le risque de déforestation et conversion.

« Afin de calculer le soja à risque de déforestation consommé par les 6 filières concernées, l’Observatoire distingue les différents types de soja selon les origines et les certificats. Ainsi, l’ensemble du soja est composé : du soja produit en France (non à risque de déforestation), du soja importé produit ailleurs qu’au Brésil et en Argentine (Etats-Unis notamment, aussi considéré comme non à risque de déforestation), le soja brésilien et argentin sous certificat de non-déforestation, le soja brésilien et argentin considéré comme à faible risque de déforestation car provenant de zones moins touchées par la déforestation »

Ses forces

Pourquoi un observatoire du risque de déforestation importée ? Pour trois raisons principales :

  • Des données récentes : inclusion des données de marché de la campagne n-1 grâce à l’implication des membres de Duralim (importateurs, fabricants d’aliments, entreprises de l’aval)
  • Des données complètes : prise en compte des flux transfrontaliers avec une méthodologie pour les caractériser (flux France – UE par camion)
  • Un périmètre large : prise en compte des volumes à destination des aliments composés industriels et de la fabrication à la ferme.

Cet Observatoire sera reconduit chaque année, a minima jusqu’en 2025. Sa méthodologie se veut évolutive en fonction de la progression des marchés et de la mise à disposition de données complémentaires. Cette deuxième version vise à nourrir les réflexions des opérateurs, des pouvoirs publics et de la société civile..

Sa valorisation

Afin de promouvoir les actions de la filière, Duralim a rencontré en 2022 quatre cabinets ministériels et le bureau chef de file de la SNDI. L’objectif est de positionner Duralim comme référent sur les questions de durabilité de l’alimentation pour les animaux d’élevage et de valoriser les actions de ses membres.

Duralim, voie de communication sur la durabilité des filières françaises de matières premières et ingrédients pour l’alimentation animale

A- Améliorer l’indice de consommation des aliments composés

L’efficacité alimentaire est évaluée par l’indice de consommation qui correspond à la quantité d’aliment consommé nécessaire pour produire 1 kg n poids vif. Elle permet d’évaluer la capacité des animaux à valoriser la ration. Il est important que les différentes formulations alimentaires correspondent au plus près aux besoins nutritionnels des différents animaux et de leur stade physiologique. Cela limite la quantité de matières premières végétales consommées, ainsi que les rejets des animaux dans l’environnement.

B- Des matières premières végétales françaises durables

La durabilité des productions végétales est une priorité pour les filières végétales. Leurs efforts de recherche s’intéressent notamment au développement de parcours culturaux plus respectueux de l’environnement, tout en intégrant la performance économique des exploitations.

Les filières végétales s’inscrivent également dans des démarches d’économie circulaire par la valorisation des coproduits de transformation, principalement en alimentation animale.

En 2022, les démarches RSO – responsabilité sociétale des organisations – se multiplient au sein des interprofessions végétales. Les producteurs sont quant à eux accompagnés dans l’ensemble de leurs démarches par leurs négociants et coopératives.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples d’actions en faveur de productions végétales toujours plus durables en France.

1) Une utilisation en baisse des phytosanitaires

Dans un cadre réglementaire européen strict et interdisant de plus en plus de molécules phytosanitaires, la France s’inscrit depuis plusieurs années dans une dynamique de diminution d’utilisation de ces produits, notamment avec le plan Ecophyto II. Des dispositifs, comme le réseau Ferme DEPHY et le Contrat de Solutions, ont pour finalité de tester, de valoriser et de déployer les techniques et systèmes agricoles visant à réduire l’usage et l’impact des produits phytosanitaires, tout en développant des techniques alternatives économiquement, environnementalement et socialement performantes. Les pratiques agronomiques, le recours aux solutions de biocontrôle, l’amélioration des plantes, l’agriculture de précision et la robotique et agroéquipement sont tout autant de pistes de solutions.

2) Des exploitations agricoles respectueuses de l’environnement

La « certification environnementale des exploitations agricoles » répond au besoin de reconnaître les exploitations engagées dans des démarches particulièrement respectueuses de l’environnement. Cette certification met en valeur la diversité des pratiques culturales et leurs bienfaits, que ce soit dans le maintien de la biodiversité ou la réduction de l'usage ou de l’impact des produits phytosanitaires. Cette certification à 3 niveaux, allant du respect des pratiques essentielles de la réglementation environnementale (niveau 1), aux exploitations mettant en œuvre des pratiques leur permettant de réduire leur impact environnemental (niveau 2) jusqu’à celles présentant un haut niveau de biodiversité et un très faible recours aux intrants (niveau 3 ou certification HVE pour « Haute Valeur Environnementale »). Engagées dans une démarche de progrès, les filières végétales accompagnent les producteurs vers cette certification environnementale. La filière céréalière a par exemple pour objectif un engagement fort de l’ensemble des céréaliers dans une démarche de certification environnementale de niveau 2.

Selon le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire : « Le nombre d’exploitations certifiées HVE a augmenté de 29% en six mois pour atteindre 24 827 exploitations au 1er janvier 2022. Le rythme des certifications ne semble pas ralentir puisqu’en un an, le nombre d’exploitations agricoles certifiées HVE a progressé de 73% (+ 10 500 exploitations environ depuis le 1er janvier 2021). Au 1er janvier 2022, les exploitations certifiées HVE représentent environ 6,4% des exploitations agricoles françaises et couvrent au moins 1,17 million d’hectares, soit environ 4,4% de la surface agricole utile (SAU) française ».

3) Des productions s’appuyant sur la recherche pour améliorer leur durabilité et leur performance

Les productions végétales françaises s’appuient sur les instituts techniques tels qu’Arvalis et Terres Inovia. L’ambition est de concevoir et tester des stratégies d’innovation dans les systèmes de culture pour concilier la production, la performance économique et le respect de l’environnement.

4) Valorisation de produits non valorisables par l’Homme

Les coproduits sont au cœur de la chaîne alimentaire ; en effet, ils sont générés par les industries de première et seconde transformation, et peuvent être valorisés notamment par l’alimentation des animaux d’élevage. Ces animaux sont producteurs de denrées alimentaires, qui peuvent elles-mêmes être transformées par les industries alimentaires. Ainsi, l’incorporation de coproduits relèvent de multiples enjeux : économique, sécurité sanitaire, environnement, gaspillage alimentaire.

Les co-produits représentent environ 40% des matières premières utilisées (tourteaux inclus) par les fabricants d’aliments composés, dont une large majorité ne peut pas être valorisée en alimentation humaine. Ce volume a augmenté de manière significative depuis 2007, notamment avec le développement des filières biocarburants.

La bonne gestion des coproduits des industries de première et seconde transformation est indispensable pour répondre aux nombreux enjeux autour de l’économie circulaire. C’est pourquoi Duralim, avec l’AFZ, a décidé de s’impliquer dans la structuration d’un réseau dédié aux co-produits. L’objectif est de faciliter les échanges entre les parties prenantes et d’identifier des travaux d’intérêt à mener pour mieux connaître le gisement de coproduits et mieux les valoriser. Son lancement est prévu pour 2023 !

5) Une filière engagée dans le recyclage de ses déchets

Une filière nationale de collecte et de traitement des déchets issus de produits de l’agrofourniture a été mise en place avec A.D.I.VALOR. Elle permet aux agriculteurs français de répondre aux enjeux de recyclage des emballages. Les organisateurs de la production agricole, les négociants et les coopératives des productions végétales ont développé un grand nombre de points de collecte, dont ils assurent les permanences.

En 2022, une filière spécifique de recyclage des emballages des produits à destination de l’alimentation animale s’est structurée, en partenariat avec A.D.I.VALOR, pour un lancement en 2023. Avec cette nouvelle filière, appelée VALORALIM, les fabricants d’aliments répondent à une attente des éleveurs et à une future obligation règlementaire pour la collecte, le traitement et le recyclage des emballages de nutrition animale.

Les filières de productions françaises sont ainsi en pointe en Europe et de fait en avance par rapport à l’obligation réglementaire à venir sur le recyclage des emballages en 2024 (Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire).

C- Des matières minérales durables : des initiatives en cours au niveau de la profession

Les êtres vivants ont besoin de minéraux (phosphore, calcium, magnésium, sodium…) principalement pour le squelette. Mais ces minéraux ont aussi un rôle essentiel dans le métabolisme à de nombreux niveaux (enzymatique, énergétique, nerveux…). Ils doivent être apportés aux animaux par le biais de l’alimentation. Ces minéraux ne sont pas toujours en quantité suffisante dans les matières premières pour couvrir les besoins des animaux. L’ajout de matières premières minérales dans les rations est donc indispensable

1) Des matières premières issues de ressources finies

Les ressources minérales se sont formées au cours des processus géologiques sur des millions voir des milliards d’années. Leurs quantités sont limitées, et dès lors que l’on utilise ces ressources, les stocks diminuent.

Les matières premières minérales puisent dans ce stock non renouvelable, à une exception près : le sel de mer qui jouit d’une ressource renouvelable : l’eau de mer.

La pression exercée sur les roches, qu’elles soient phosphorique, calcaire, magnésienne ou halite, est de plus en plus forte.

L’objectif est désormais de limiter la pression sur ces matières premières, et permettre ainsi d’allonger le temps d’exploitation de ces ressources.

2) Axes pour contribuer à la durabilité de ces matières premières minérales minérales

Les conditions de production de la matière première

Les infrastructures permettant l’exploitation de ces ressources (mines, carrières ou marais salants) sont soumises à des règlementations strictes. Pour exploiter ces ressources, il est nécessaire de détenir des droits d’exploitation conformes à la réglementation en vigueur.

Pour certaines activités, il peut exister également en complément des chartes de bonnes pratiques en matière de développement durable, incluant par exemple la préservation de la biodiversité, la gestion de l’eau, les conditions de travail, l’intégration dans le paysage, etc.

De plus, les activités de production et de transformation des matières premières minérales contribuent à l’économie locale, notamment en offrant des emplois.

La transformation des matières premières

Après avoir été extraite, la matière première peut subir diverses étapes de transformation qui lui confèrent les propriétés adaptées à une consommation par les animaux.

Afin de réduire les impacts associés à ces activités de transformation, des recherches sont menées par les opérateurs sur leurs procédés de transformation, pour les rendre plus économes en énergie et améliorer leurs bilans environnementaux, mais aussi afin d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles, de réduire la production de déchets ou de développer le recyclage ou la revalorisation des déchets/sous-produits au sein de leurs entreprises.

L’amélioration des produits

En matière de recherche et le développement les fournisseurs travaillent notamment sur les propriétés des matières premières transformées pour améliorer leur biodisponibilité et donc leur utilisation par les animaux d’élevage. La quantité de matières premières minérales nécessaire pour couvrir les besoins des animaux peut également être réduite via la formulation des aliments et l’ajout de certains additifs, comme les améliorateurs de digestibilité (tels que les phytases).

La sensibilisation des acteurs de l’aval est également un pilier important pour orienter les choix de matières premières minérales et raisonner leur utilisation.

Avec une nutrition de précision, un apport moindre de matière première minérale réduit la pression sur ces ressources et conduit également à la réduction des rejets dans l’environnement.

D- Acides aminés : leur contribution à la durabilité de l’alimentation animale

Les acides aminés sont les constituants des protéines. En France, les acides aminés sont produits par fermentation, ce qui permet de transformer des hydrates de carbone d’origine locale en protéines.

Utiliser les acides aminés en nutrition animale permet d’ajuster l’alimentation des animaux au plus près de leurs besoins nutritionnels, tout en réduisant la teneur en protéines des aliments. Cette meilleure efficacité se traduit par :

  • Une amélioration des performances zootechniques.
  • Une diminution des besoins en matières premières riches en protéines comme le tourteau de soja, qui peut dans certaines régions du Monde être une cause importante de déforestation. Sans l’utilisation d’acides aminés, la France consommerait environ 50% de tourteaux de soja en plus (source : Céréopa, 2019). L’élargissement de la palette d’acides aminés disponibles fait partie des solutions immédiates à disposition des filières animales pour réduire l’empreinte « déforestation » de l’élevage français.
  • Une diminution des rejets azotés en élevage (ammoniac, nitrates). Une baisse d’un point de la teneur en protéines des aliments entraîne une diminution des émissions d’ammoniac de 10% en porcs et 16% en volailles.
  • Une amélioration du bien-être et de la santé des animaux : la baisse de la teneur en protéines dans l’alimentation a notamment un effet positif sur la santé intestinale des animaux et participe à diminuer le besoin de recourir aux antibiotiques.